L’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) lance une nouvelle plateforme citoyenne. NFOULEN qui signifie “Détache-moi” ou “Libère-moi” en langue maninka, c’est son nom ! Elle est une plateforme numérique de collecte de données, de mobilisation citoyenne et de renforcement de la résilience des acteurs de l’espace civique en Guinée. Ce nouveau projet piloté par l’ABLOGUI – après notre expérience avec LAHIDI, la plateforme de suivi et d’évaluation des promesses du Chef de l’Etat ; ou encore GuinéeVote, le projet d’e-observation électorale, pour ne citer que ces deux-là – a pour ambition de documenter les les restrictions de l’espace civique et de mener un plaidoyer pour la révision des dispositions légales répressives en Guinée.
En effet, pour ABLOGUI, il est nécessaire de documenter de façon exhaustive les actions visant à restreindre l’espace civique et les violations des droits des citoyens dans notre pays. Car elle estime que cela est crucial et indispensable dans le processus de construction d’un Etat de droit. L’objectif de cette démarche est de pouvoir exercer à terme une pression sur les auteurs de ces actes tout en étant en même temps, un outil de dissuasion pour les détenteurs du pouvoir public qui envisagent de commettre des violations des droits de l’homme dans l’exercice de leurs fonctions.
Volonté de documenter pour dissuader
Pour comprendre cette volonté de dissuader, il faut revenir à la conception de cette initiative dans un contexte de répression dans le sillage du troisième mandat de l’ancien président Alpha Condé. Entre octobre 2019 et début septembre 2020, en fait, la Guinée a vécu au rythme de la contestation du projet de troisième mandat du chef de l’Etat d’alors. Voulant empêcher Alpha Condé de parvenir à cet objectif décrié par une bonne partie de la population guinéenne, les principaux partis politiques de l’opposition et certaines organisations de la société civile guinéenne s’étaient rassemblés en avril 2019 au sein du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC).
Les actions de protestations organisées dans ce contexte ont provoqué la mort de plus d’au moins 50 personnes entre octobre 2019 et juillet 2020 selon Amnesty International. La tension avait aussi favorisé la violation d’autres droits des citoyens et la restriction des libertés de la presse. Les violences avaient connu leur paroxysme à l’occasion du double scrutin (référendaire et législatif) du 22 mars 2020 et de l’élection présidentielle du 18 octobre 2020.
Bien que le président de la République d’alors fut déclaré vainqueur de ces scrutins, les violations des droits de l’homme et les restrictions de l’espace civique continuent de plus belle, jusqu’au coup d’Etat du 05 septembre et la prise du pouvoir du colonel Mamadi Doumbouya.
Profiter de la transition pour réformer
Si l’arrivée au pouvoir de la junte militaire, le Comité national pour le rassemblement et le développement (CNRD), a permis de décrisper l’atmosphère sociopolitique en Guinée, il convient cependant de souligner que cette période exceptionnelle n’est pas exempte de possibles violations des droits des citoyens.
Aussi, cette transition offre de nouvelles opportunités pour la mise en œuvre de réformes administratives et législatives afin d’abroger les attitudes et dispositions légales liberticides et éviter dans l’avenir le rétrécissement de l’espace civique.
La durée d’exécution de ce projet est d’un an, à compter du début de ses activités qui comprennent entre autres un site internet, une page Facebook, un compte Twitter et une playlist sur la chaîne YouTube de l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI). Par ailleurs, des activités hors numérique, comme des enquêtes sur les droits de l’homme et l’espace civique, ou encore des ateliers de renforcement des capacités des activistes évoluant dans ces domaines sont prévues dans le cadre du projet NFOULEN. L’ABLOGUI a pour partenaire financier pour ce projet la Fondation Open Society Initiative for West Africa (OSIWA).
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