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Guinée : libérez les défenseurs des droits humains et levez les restrictions à la liberté de réunion !

Guinée : libérez les défenseurs des droits humains et levez les restrictions à la liberté de réunion !

(Civicus) – Le recours à la violence et le meurtre de manifestants en vue de disperser les manifestations qui ont actuellement lieu en Guinée ont pour effet de renforcer l’impunité et constituent un revers majeur pour le processus fragile de transition, a déclaré aujourd’hui l’alliance mondiale de la société civile CIVICUS. Des groupes de défense des droits humains ont rapporté qu’au moins cinq personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées lors de la répression violente des manifestants par les forces armées en Guinée les 28 et 29 juillet 2022.

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) – une coalition de partis politiques, de groupes de la société civile et de syndicats – avait lancé ces manifestations pour réclamer plus de transparence dans le processus de transition en cours en Guinée et la création d’un cadre inclusif pour le dialogue.

À la suite de ces manifestations, les autorités ont arrêté les défenseurs des droits humains Oumar Sylla, également connu sous le nom de Foniké Menguè, et Ibrahima Diallo, du groupe pro-démocratique Tournons la Page-Guinée (TLP) et FNDC, les accusant d’avoir participé à un rassemblement interdit et de s’être livrés à des actes de pillage et de destruction de biens. Avant les récentes arrestations, plusieurs membres de TLP et du FNDC, dont Oumar Sylla, ont été arrêtés de manière brutale le 5 juillet par la Brigade de répression du banditisme (BRB) alors qu’ils tenaient une conférence de presse sur la situation des droits humains et la situation sociale et politique en Guinée au siège du FNDC dans la capitale Conakry. Ils ont été inculpés d’outrage au tribunal et de manque de respect à l’autorité de la justice, puis libérés.

Face aux appels à la reddition de comptes en matière de transition politique, les autorités guinéennes continuent d’avoir recours à la violence et d’arrêter les personnes dirigeant ces appels. De telles actions compromettent la transition, qui est indispensable au retour de la Guinée à un régime civil, et encouragent l’impunité, ce qui engendre davantage de violence, a déclaré David Kode, Chef du plaidoyer et des campagnes de CIVICUS.

Le 13 mai 2022, les autorités de transition guinéennes – le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) a décrété une interdiction générale des manifestations dans les lieux publics qui seraient susceptibles de saper la paix sociale jusqu’au début des campagnes électorales. Cette interdiction a été condamnée par des groupes de la société civile et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, qui ont demandé sa levée. Le 31 mai, le CNRD a maintenu sa décision d’interdiction. L’interdiction et les restrictions continues imposées aux manifestations pacifiques sont contraires aux obligations internationales de la Guinée en matière de droits humains et aux lignes directrices de la Commission africaine sur la liberté d’association et le droit de réunion pacifique en Afrique. L’interdiction est également contraire à la Charte de la transition de la junte, qui garantit la liberté d’association et de réunion.

Les autorités continuent d’utiliser différentes tactiques pour réduire au silence la société civile et l’opposition politique. Le 8 août 2022, le ministère de l’administration territoriale a annoncé que les autorités de transition avaient dissous le FNDC au motif qu’il s’agissait d’un mouvement violent qui utilisait des mineurs lors de manifestations, alors que ce mouvement n’a jamais été reconnu par la junte. Les groupes de défense des droits humains demeurent préoccupés par le risque de nouvelles violences dans les jours et les mois à venir, étant donné que le FNDC appelle à de nouvelles manifestations pour exiger un dialogue crédible et la libération des militants arrêtés lors des récentes manifestations.

Nous appelons le CNRD à :

  • Lever l’interdiction générale des manifestations publiques et à rétablir le droit de réunion pacifique;
  • Libérer immédiatement tous les militants et manifestants arrêtés lors des manifestations.

Contexte

En septembre 2021, les forces spéciales guinéennes dirigées par Mamady Doumbouya ont arrêté le président Alpha Condé, suspendu la Constitution et dissous le gouvernement et plusieurs institutions publiques. La junte a mis en place le Comité national du rassemblement et du développement (CNRD) comme autorité de transition et a établi une feuille de route pour la transition vers un régime civil dans une charte de transition. Le coup d’État s’est produit moins d’un an après que le président Alpha Condé a remporté les élections présidentielles controversées à la suite d’un référendum sur la modification de la Constitution en mars 2020. Même après le coup d’État, la junte anticipe les manifestations, les interdit et les réprime violemment quand elles ont lieu.


La situation en matière de libertés civiques en Guinée a été classée comme réprimée par le CIVICUS Monitor.

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