Mamadou Salifou Camara, journaliste reporter au site d’informations Guineesouverain.com a été brutalisé par des policiers devant le palais Mohamed V, siège du pouvoir du colonel Mamadi Doumbouya, avant d’être embarqué à bord d’un pick-up pour le commissariat central de Kaloum à Conakry. Sur place, le reporter a été retenu dans une cellule durant un bon moment avant d’être finalement remis en liberté.
Les faits se sont déroulés le 22 juin 2023, à l’occasion d’une manifestation organisée devant la Présidence par les Guinéens rapatriés de la Tunisie. Ces migrants manifestaient pour leur réinsertion. Et Mamadou Salifou Camara était allé sur les lieux pour couvrir cette actualité au compte de sa rédaction. « Lorsque nous les journalistes, nous sommes arrivés, on a commencé à interviewer les manifestants. Il y a eu deux agents de la police qui sont venus me bousculer, suivi des propos injurieux. Ils m’ont dit de monter dans leur pick-up, je leur ai dit que je suis journaliste et je ne savais pas pourquoi j’allais montrer. J’ai fait sortir mon badge, mais ils ne m’ont pas écouté. Les confrères présents sont intervenus, hélas. Ils m’ont pris de force en me jetant dans le pick-up », a-t-il raconté.
Le journaliste n’était plus libre de ses mouvements
Après son embarquement avec force, le pick-up s’est dirigé vers le commissariat de police de Kaloum. « Dès que nous sommes descendus, il y a un autre policier qu’on a trouvés sur place, il a commencé à m’insulter en me disant : “imbécile, salaud. Tu penses que c’est comme ça (…) Tu vas le regretter, inconscient !” Je lui ai dit : “Monsieur, attention, je ne suis pas manifestant, je suis journaliste et je n’ai fait que mon travail”. Il a dit que ce n’est pas son affaire ça, que je vais le regretter toute suite. Ensuite, ils m’ont enfermé dans une cellule avec 4 autres manifestants pendant 30 à 40 minutes à peu près. Ils ont dépouillé tous appareils de travail », a précisé M. Camara.
Malgré tout ce qu’il a subi Mamadou Salifou a refusé de faire sa déposition sans la présence de son avocat ou d’un représentant du Syndicat professionnel de la presse de Guinée (SPPG). « Après, ils sont venus nous conduire dans un bureau pour dresser le procès verbal où ils m’ont gardé aussi pendant plus d’une heure. Je leur ai dit que je ne parlerais pas sans le syndicat de la presse ou mon avocat. Entre temps, le secrétaire général du SPPG, Sékou Jamal Pendessa, est venu avec le président du Réseau des médias guinéens sur internet et certains confrères qui étaient présents sur le terrain », a-t-il ajouté.
Suite à une longue conversation entre le syndicat et le commissaire central, Mamadou Salifou Camara a été mis en liberté.
Cas presque similaire à Coyah
Une semaine plutôt, le 16 juin dernier dans la préfecture de Coyah, c’est un autre journaliste reporter d’image (JRI) d’Espace TV qui avait été victime d’agression. Il s’agit de Lamine Kaba. Il a été victime des agissements des gardes du procureur de la République près le Tribunal de première instance de Coyah. Ce journaliste était parti pour couvrir un transport judiciaire du procès d’un conflit domanial dont le tribunal de première instance de cette ville située à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Conakry est saisi.
Avant l’arrivée de la composition du tribunal sur le lieu en conflit, des journalistes étaient déjà sur place et ont fait de prises d’image des lieux. « Le matin, je suis arrivé à Coyah, j’ai pris les premières images. Du coup, la délégation du tribunal était en train d’arriver, donc, j’ai pris les images de leur arrivée et à leur descente de voiture directement le juge a crié en disant : “Qui vous a autorisé à filmer ? Arrêtez de filmer !” Automatiquement, j’ai fermé la caméra. Quand j’ai fermé la caméra, il dit : “D’ailleurs, récupérez sa caméra dans ses mains”. J’ai rétorqué : “Vous m’avez dit de ne plus filmer, là je ne filme plus mais je ne peux vous donner ma caméra. C’est mon outil de travail”. Le temps pour moi d’échanger avec le juge les gardes au nombre de 6 à 7 se sont tous jeté sur moi donc, ils ont commencé à me malmener. Il y a des gens qui m’ont balayé, certains m’ont donné des coups ils ont retiré ma caméra de force et ils l’ont jetée dans leur voiture », a raconté Lamine Kaba.
Le journaliste a informé sa rédaction et le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG). « J’ai appelé mon directeur qui a appelé, à son tour, le procureur général. C’est suite aux différents appels, quand ils ont fini de faire leurs inspections du terrain ils m’ont remis ma caméra. Donc, je leur ai dit s’il y a un problème sur ma caméra ils allaient la rembourser, vu que ce n’est pas comme ça qu’il faut traiter un journaliste. A leur sortie, il y avait des policiers qui m’insultaient (…) Ils me traitaient de tous les noms d’oiseaux. Moi aussi sous l’effet de la colère j’ai retourné les injures », a-t-il ajouté.
Michel Ouamouno, un cadreur de la télé Ledjely TV qui était présent sur les lieu n’a pas été agressé physiquement mais il a été contraint de supprimer les images qui se trouvaient dans sa caméra.
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