En Guinée, les journalistes sont régulièrement victimes de bavures dans l’exercice de leur métier. C’est l’expérience qu’ont connue deux journalistes de la presse privée, agressés, le 4 avril 2022, alors qu’ils couvraient un attroupement de militants de l’ancien parti au pouvoir, le RPG/Arc-en-ciel, devant la Direction centrale des investigations judiciaires de la Gendarmerie nationale, où l’ex-Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana et d’autres anciens caciques du régime déchu étaient auditionnés.
Oumar Bady Diallo et Mamadou Yahya Barry, respectivement journaliste aux sites d’informations Africaguinee.com et Mediaguinee.org s’étaient rendus devant la Direction centrale des investigations judiciaires de la Gendarmerie nationale pour couvrir la mobilisation de soutiens à l’ancien Chef du gouvernement visé par des poursuites judiciaires sur des présumés faits de détournements de fonds publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, entres autres.
Et ce sont des militants de l’ancien parti au pouvoir dont le Conseil exécutif provisoire est dirigé désormais par Ibrahima Kassory Fofana, qui sont sont pointés du doigt comme étant ceux qui ont agressé les reporters. Selon des informations transmises par Presse Solidaire, une association de journalistes guinéens, Oumar Bady et Mamadou Yahya auraient été qualifiés d’« escrocs » par leurs agresseurs ; le téléphone de l’un d’eux saisi avant d’être finalement restitué à son propriétaire.
Dans la soirée du 4 avril même, le RPG/Arc-en-ciel a fait un communiqué à propos de cette affaire. Le parti fondé par l’ex-président Alpha Condé a qualifié d’« échauffourées » les évènements au cours desquels les deux journalistes ont été pris à partie. Toutefois, le parti n’a pas condamné ces agressions.
Il faut noter que ce n’est pas la première fois que des professionnels de l’information sont ciblés par des agresseurs se réclamant de l’ancien parti au pouvoir. L’Association Presse Solidaire, après avoir condamné ces violences, note que ces cas sont devenus récurrents. « Le 3 novembre 2021, au siège du RPG/Arc-en-ciel, le journaliste de Liberationinfo.com, Mohamed Camara, a été expulsé de la salle de conférence puis agressé juste parce qu’il a posé une question que certains ne voulaient pas entendre », rappelle l’association.
Elle regrette aussi que ces mêmes évènements se soient déroulés devant la Gendarmerie « sans qu’aucun gendarme, censé pourtant protéger les citoyens, ne vienne au secours des journalistes ».
Interrogé pour savoir si des plaintes ont été déposées par les deux confrères ou par Presse Solidaire, dans ce dossier, cette dernière a affirmé avoir « fait ce qu’elle peut pour le moment ». « Reste à savoir si les personnes concernées vont aller à des procédures judiciaires. Cela relève de leurs compétences et de celles de leurs rédactions. Nous n’allons pas porter plaintes [au nom de Presse Solidaire]. Mais si, toutefois, ils portent plaintes on va les accompagner », a conclu un responsable de l’association.
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