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Conakry : un journaliste brièvement interpellé par des bérets rouges

Conakry : un journaliste brièvement interpellé par des bérets rouges

Ibrahima Foulamory Bah, journaliste reporter au site d’informations générales Lecourrierdeconakry.com, a été interpellé et retenu durant une heure par des éléments de la garde présidentielle avant d’être finalement libéré. Au cours cette interpellation, les militaires, au nombre de trois, ont retiré son téléphone avec lequel il avait pris des images d’un groupe de personnes qui manifestaient devant le palais Mohamed V, dans la commune de Kaloum, où réside le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya.

L’incident s’est produit précisément au niveau du grand portail de la Primature, le mardi 9 mai 2023. « J’étais parti pour couvrir un sit-in du collectif des agents conservateurs de la nature qui ont fait le concours en 2019. Dès qu’ils se sont mobilisés et ont commencé a montré leurs pancartes sur lesquelles ils réclamaient la publication des résultats du concours qu’ils ont passé. C’est dans ce cadre que moi aussi, voulant informer la population sur ce sit-in, j’ai pris mon téléphone et j’ai commencé à prendre des images », raconte-t-il.

C’est de là que la mésaventure du journaliste a commencé avec les bérets rouges, postés devant la Primature et le Palais Mohamed V, où la junte militaire a élu domicile. « Dès que j’ai commencé à prendre des images, des bérets rouges bien armés sont venus vers moi en criant : “Toi qui filme là viens ici”. Ils proferait des menaces. Pour ne pas qu’il me fassent du mal parce qu’on connaît les militaires, immédiatement j’ai dit je suis journaliste. C’est la presse. J’ai anticipé les choses. Ils sont venus en disant : “On s’en fout de ça. C’est vous qui enflammez les choses dans ce pays”. Ils m’ont demandé de donner mon téléphone, je leur ai donné. Un autre béret rouge m’a dit de les suivre. Je les ai suivis jusqu’à leur poste installé à la rentrée de la Primature, la grande porte qui est là-bas. Ils m’ont dit de m’assoir là-bas. Je me suis assis », ajoute Ibrahima Foulamory Bah.

Poursuivant sa narration, il a précisé que les militaires ont confisqué son téléphone pendant une heure. « Ils m’ont gardé là-bas et m’ont dit de ne pas bouger. C’est après une heure qu’un béret rouge est venu vers moi et m’a demandé “pourquoi vous les journalistes, vous faites ça ? On ne vous a pas dit qu’on ne prenne pas d’images ici?” Il a accusé les journalistes d’enflammer les choses dans ce pays en disant : “Vous vendez une mauvaise image du pays à l’étranger”. J’ai répondu que ce n’est pas ce que nous faisons. J’étais là pour informer les citoyens. Il a finalement demandé au béret rouge qui avait mon téléphone de l’envoyer. Ils m’ont obligé à le déverrouiller et il a tout fouillé de coin en coin, même la corbeille il n’a pas laissé », regrette le journaliste.

Plus inquiétant, le reporter a été photographié par les agents avant de recouvrer sa liberté. « Certains disaient qu’il fallait m’amener (…) Ils proferait vraiment des menaces à mon égard. En me remettant mon téléphone, le militaire m’a dit : “On te met en garde en cas de troubles…” Avant de me laisser partir, ils m’ont d’abord assis et m’ont photographié avec leurs téléphones. Après ils m’ont dit de rentrer vite à la maison, qu’ils ne veulent plus me voir là-bas, en insistant que s’ils me voient là-bas ce ne serait pas bon », ajoute M. Bah, inquiet par les menaces qu’il a reçues.

Après sa libération, le journaliste a confié sa mésaventure au Syndicat professionnel de la presse de Guinée (SPPG). Le SPPG, à travers une déclaration, a condamné cette nouvelle agression de la liberté de la presse.

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